Interview
Témoignage de Simon Ronceray, de l’association Veni Verdi
- Chargé de développement de ferme urbaine
"N’importe où en ville, on peut produire une grande diversité de plantes."
Depuis 2010, l’association Veni Verdi redonne une place à la nature au cœur d’environnements urbains. Simon Ronceray témoigne sur un projet soutenu par la fondation Truffaut : le jardin urbain permacole au collège Pierre Mendès (Paris 20ème).
- En quoi consiste le jardin urbain du collège Pierre Mendès ?
Ce projet de ferme urbaine est avant tout social. On travaille avec plein de gens qui viennent jardiner : des bénévoles, des enfants du collège, et des personnes qui viennent se former à l’agriculture urbaine.
Nous produisons des légumes (betteraves, tomates, haricots verts…), des fleurs, des céréales aussi pour les aspects pédagogiques, et surtout, nous produisons du lien social.
Le but de Veni Verdi, comme le prône la permaculture, c’est de ne pas seulement compter sur les éléments, mais plutôt sur les relations entre eux.
- De quoi est composée la ferme urbaine ?
Le site fait 4 500 m2 d’espaces verts convertis en agriculture urbaine.
Nous avons une première zone aménagée pour les plantes les plus fragiles, surtout les légumes mais aussi des plantes annuelles (qui ne durent qu’un an) et des plantes vivaces. On peut y trouver notamment des artichauts, de la rhubarbe, des framboisiers, des pommiers, des poiriers… Toutes ces plantes vont produire chaque année, sans qu’on ait besoin de s’en occuper beaucoup.
La plupart de nos sols sont recouverts de bois broyé. Il protège le sol, limite le désherbage et l’évaporation — donc l’arrosage —, et favorise la vie du sol (les vers de terre et tous les microbes qui nous aident).
Nous associons très souvent plusieurs plantes sur une même planche de culture : par exemple, après avoir planté des tomates, on va semer du persil au pied. On travaille aussi sur le dénivelé : au lieu d’avoir un talus, on crée des terrasses afin que le compost ou le bois broyé reste en place. Les plantes en profitent davantage. On mélange toutes les espèces et les variétés pour étager les cultures.
- Faut-il obligatoirement une grande surface à cultiver ?
Au contraire, on cherche à montrer qu’on peut maximiser les productions, notamment le nombre d’espèces sur un même lieu. Exemple : de la menthe, de la verveine, du thym, des asperges, du romarin et des fraisiers sur moins d’un mètre carré.
C’est la preuve que n’importe où en ville, sur un balcon ou en pied d’immeuble, on peut produire une grande diversité de plantes, et éduquer les gens aux différents goûts et odeurs.